102                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
ceptions près, c'est" l'histoire de toutes les manufactures méridio­nales. Seulement les Italiens, toujours fort habiles à faire valoir leurs talents, ont su mettre en relief les moindres détails de ces tentatives éphémères.
N'oublions pas urfe Histoire de saint Théodore, dont les cartons auraient été exécutés, en 1450, par un artiste vénitien, le peintre Alvisg.
Ferrare. — A Ferrare, dont l'atelier a vécu plus d'un siècle et a produit des oeuvres d'un caractère très particulier, la tapisserie ne fait son apparition qu'en 1436. Les premiers artisans dont on ren­contre les noms sont encore des Flamands : Jacomo de Flandria de Angelo, en 1436, et Pietro di Andrea (fils d'André), aussi de Flandre, en 1441. Bientôt d'autres noms viennent se joindre aux précédents. Binaldo Boteram, qui avait commencé ses pérégrina­tions à Sienne en 1438, passe quelques mois à la cour d'Este en 1445, avant de se rendre à Mantoue. Pierre, fils d'André, arrivé en 1441, conserva la direction des travaux jusqu'en 1471.
Une grande activité règne dans l'atelier de FerraFe sous le règne de Borso d'Este (1450-1471). Presque tous les ouvriers qui y sont employés arrivent de France ou d'Arras. Deux Tournaisiens, Jean Mille et Rinaldo Grue, sont appelés, en 1464, pour former des ouvriers dans le pays ; mais les Italiens se montrent rebelles à leur enseignement, et cette école de tapisserie ne donne pas de résul­tats bien satisfaisants.
Parmi les maîtres qui balancent la réputation de Pierre, fils d'André, Liévin occupe une des premières places. U est chargé de traduire les cartons d'un peintre fameux, Cosimo Tura. Il dispa­rait deux ans après son rival, en 1473. Entre temps, Rinaldo Bote­ram, qui paraît avoir été doué d'une singulière activité, toujours en chemin d'une ville à l'autre, livre aux princes de Ferrare un Salo­mon trônant au milieu de sa cour et une tenture de l'Histoire d'Achab.
En 1490, l'atelier se trouve réduit à un seul tapissier, encore est-il Italien. Il se nomme Bernardino di Bongiovanni. Mais, peu de temps après, paraît à la cour d'Hercule Ier (1471-1505) un Egyp­tien appelé Sabadino, tapissier fort habile, dont son maître fait un éloge hyperbolique dans une pièce qui a été conservée. Sabadino travaillait encore à Ferrare en 1528. Ce qui n'empêche pas le duc